La vie d'un artisan dans son atelier est faite de passion.
Rester assis pendant des heures, parfois dans de mauvaises positions, se faire mal au dos, aux yeux, aux mains..... on oublie, quand on est accaparés par l'intérêt d'un projet.
C'est donc une vie que beaucoup nous envient car souvent j'entends dire qu'il est beau de pouvoir vivre de sa passion, que ce doit être agréable de ne pas avoir de patron sur le dos, et qu'on doit être tranquille, seul, dans son atelier.....
Et tout cela est vrai.
J'apprécie chaque jour la possibilité de pouvoir me passionner pour un nouveau projet, je suis ravie de n'avoir de comptes à rendre qu'a moi même, et tellement, tellement contente de pouvoir mettre un film (que je ne suivrai pas), ou de la musique (a fond), ou de simplement pouvoir apprécier le silence ou le bruit des outils ......
Dans cette solitude choisie, dans cet endroit qui me plait et qui me correspond, je réfléchis, j'innove, je parle a qui vient me rendre visite ou a mes animaux, je parle seule aussi, beaucoup..... bref, cet endroit me ressemble et je m'y sens bien.
Pourtant depuis quelques temps est apparu un sentiment que je n'apprécie pas.
Un sentiment qui ne devrait pas être la et qui me fait penser qu'il serait peut être temps de réévaluer les raisons de ces choix de vie, et peut être d'en faire d'autres....
En effet depuis peu je me sens parfois esseulée.
Ce sentiment n'a rien a voir avec la solitude que l'on choisit si je le partage aujourd'hui, c'est parce que je ne suis pas la seule à le ressentir, et que la vie de l'atelier n'est pas toujours aussi idéale qu'on pourrait le croire.
Les récents événements n'ont pas amélioré ce sentiment car les visites qui rythmaient ma vie n'étaient plus toujours possibles et les sorties qui sonnaient la fin de la concentration non plus, les rendez vous entre amis ont été plus rares ces derniers mois et la vie sociale qu'on avait le soir ou le we s'était tant amenuisée qu'elle ne palliait plus à cette solitude de la journée. .
La perte de ma compagne de toujours, Ava, ne va pas arranger ca non plus et l'atelier me paraitra plus vide que jamais, désormais...
J'ai entendu certains collègues parler de la lassitude qui s'installe, parfois même dans le travail, et ce n'est justement pas mon cas, c'est ce qui me permet de passer outre ce sentiment désagréable de solitude imposée.... pour moi, la passion l'emporte toujours, et pour cela je vous remercie tous une fois de plus...!
C'est grâce à vos idées parfois alambiquées que chaque jour je réinvente Hoppie's et que la solitude de cet atelier a du sens.
Aujourd'hui, pour ne pas subir cette solitude, et parce que ma vie prend cette direction je pense à déménager, réinstaller l'entreprise ailleurs: peut être est il temps de penser à s'installer dans un endroit de collaboration avec d'autres artisans...?
La question reste entière à l'heure actuelle mais ce sujet me permet de partager avec vous cet aspect de notre vie d'artisan ou d'artiste, qui ne comporte pas que des bons cotés, malgré la grande concordance avec nos passions et nos envies, et la liberté relative et décalée qu'elle procure.
On dit souvent que chaque situation comporte ses bons et ses mauvais cotés, autrement dit, la encore, c'est une question d'équilibre...
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